Embouchure du Trieux

Embouchure du Trieux de Maxime MAUFRA (1861-1918)

Embouchure du Trieux, est un dessin au fusain sur papier havane de Maxime Maufra. Comme beaucoup de ses condisciples, mais particulièrement Maufra grand amoureux de la nature, il parcourt les côtes bretonnes. On le retrouve ici, sur un paysage marin.

Caractéristiques du dessin

Dessin sur le motif, Maufra ne se séparait jamais de ses « outils » pour croquer, dessiner et rapporter des scènes de bord de mer qu’il appréciait particulièrement.

Un premier rocher barre le dessin, son volume est amplifié volontairement afin d’accroitre le caractère décoratif de la composition affirmé par la tomber de terre de la rive gauche de l’estuaire. Dessin au fusain, le trait épuré résume les ondulations de l’eau et évoque la sensation des vaguelettes sur le sable.

D’une position surélevée il transcrit les méandres de la rivière, paysage de terre et d’eau, s’échappant vers la mer. Il traite en notes rapides ce paysage mobile, la construction du rocher noir par rayures, s’oppose au plan miroitant avec les embarcations qui descendent le fleuve.

Ce dessin est encadré d’une baguette plate en chêne clair et dispose d’un verre traité anti-reflets, il est signé dans le coin inférieur gauche. Ses dimensions sont 18 cm de haut et 24 cm de large.

Le trafic de l’estuaire

A l’aube du XXème siècle, ces rias bretonnes ont encore un rôle essentiel pour l’économie du littoral.  Des marchandises diverses transitaient par le port de Lézardrieux et suscitaient un trafic à double sens : les barques sablières pour le transport du maërl, ce sable marin, recherché comme amendement calcaire à la construction, remontait la rivière avec le flot. Des barges chargées de grains et farines, en lien étroit avec les moulins, mais aussi de pomme de terre, bétail, bois de chauffe, cidre attendaient le jusant pour rejoindre l’embouchure.

A noter l’extrême justesse de la vision « maritime » de Maufra ; il ne dessine pas les bateaux en « terrien », mais semble en avoir ressenti la qualité des formes et en exprime le mouvement.

La nature est une fois de plus centrale dans ce dessin, mais il évoque aussi l’économique de cette pointe bretonne.